Réalité virtuelle et psychanalyse

Samedi dernier, premier arrêt à la Galerie Cinéma . L’accueil est chaleureux, et la jeune femme nous entraine vers le tout nouveau « Studio VR »  pour nous présenter une série interactive de Eliza McNitt. Hormis l’œuvre elle-même, c’est aussi l’occasion d’expérimenter la réalité virtuelle pour ceux qui, comme moi, n’aurait pas encore osé l’aventure. Expérience concluante : c’est décidé, dès que j’ai un peu de temps, je vais m’organiser une séance Tilt Brush chez VirtualTime, histoire de me mesurer au XXIe siècle.

Seconde étape au Musée d’art et d’histoire du Judaïsme. L’idée était d’aller voir le Rothko prêté par le Centre Pompidou. A l’accueil, on m’indique qu’il est présenté dans le cadre de l’exposition sur Freud. Qu’à cela ne tienne! D’Yvette Guilbert à Duchamp, en passant par Courbet, Kokoschka et Antonin Artaud, c’est tout l’univers artistique, scientifique et intellectuel de l’époque de Freud qui était exposé… jusqu’au 10 février.

A proximité, un colossal Moïse de plâtre semble un peu… encombrant. Ce doit être ça, la réalité virtuelle en peinture: un Rothko sans titre ni manière, cependant capable de voler la vedette à Michel-Ange.

Last Saturday, first stop at the Galerie Cinéma. The lady leads us to the brand new « Studio VR » where an interactive series by Eliza McNitt in shown. Apart from the work itself, it is also an opportunity to experience virtual reality for those who, like me, would not yet have dared the adventure. Conclusive experience: I’m going to organize a Tilt Brush session!

Second stop at the Museum of Jewish Art and History. The idea was to go see the Rothko from the Centre Pompidou collections. This painting was presented as part of the Freud exhibition. Yvette Guilbert, Marcel Duchamp, Courbet, Kokoschka or Antonin Artaud, the entire artistic, scientific and intellectual universe of Freud’s time was on display… until February 10.

Nearby, a colossal plaster Moses seems a little… cumbersome. This must be virtual reality in painting: a Rothko without title or manner, yet capable of stealing the show from Michelangelo.

SPHERES
Jusqu’au 30 mars 2019
Galerie CINÉMA, 26 rue Saint-Claude, Paris IIIe.

SIGMUND FREUD
Musée d’art et d’histoire du Judaïsme, 71 rue du Temple, Paris IIIe.

Photo d’illustration : ROTHKO – Untitled (Black, Red over Black on Red) 1964
D’après la visite virtuelle – MahJ / immersion-3d.com [voir+]

La nébuleuse au cœur du scandale


L’affaire Ghosn débarque sur mon bureau, et c’est l’Express qui me confie la tâche.
Le brief : rendre attrayant et compréhensible une arborescence labyrinthique.
Sociétés implantées dans le monde entier, structures opaques, auxquelles s’ajoutent quatre domiciles à Rio, Amsterdam, Paris ou Beyrouth… et cinq personnages. Que du beau linge !
Quand je raccroche le téléphone, je sais que la nuit sera longue. Il va falloir la jouer fine.

The nebula at the heart of the scandal
The Ghosn scandal came to my desk, and it was L’Express that gave me the task.

The brief: to make a labyrinthine tree structure look attractive and understandable.
Companies located all over the world, opaque structures, four residences in Rio, Amsterdam, Paris or Beirut… and five characters. A lot of nice people, say so!
As I hang up the phone, I know it’s going to be a long night. Gonna have to play it smart.

 

Pour l’Express, 6 février 2019

L’Inde en boite

Une nouvelle histoire à raconter, de la taille d’une boite à chaussure.
Comme point de départ, des souvenirs persos de voyages en Inde. Les lumières crues des phares et de l’éclairage public. Les couleurs vives qui claquent dans la pénombre. Un banian, et son autel enchevêtré dans les racines. Un inévitable auto-richshaw et un « Général store ».

  

Première étape, construction des volumes principaux en carton plume. La boite mesure 19 cm de haut (et 33 cm de large). Un temple à gauche, une habitation à droite, et au premier plan, le General Store. Pile au centre, j’aménage une ouverture pour une ruelle. Ce point de fuite assez important, hors du volume attendu de la boite, aidera à créer l’ambiance un peu mystérieuse. Une couche de Gesso pour unifier le tout.

Deuxième étape : peintures et patines, mise en place d’éclairages et du sol (liège), fabrication de l’intérieur de la boutique. Tous les articlessont en papier, en plastique, et les casseroles sont découpées dans l’aluminium des bougies chauffe-plat.
Les rez-de-chaussée sont surélevés, détail caractéristique de ce coin du monde.

Troisième étape. Le banian est en carton et ficelle. Le véhicule est, à la base, un petit jouet très sommaire en plastique qui a défini l’échelle de toute la maquette. Entièrement démonté, habillé et repeint, il bénéficie désormais d’une « vraie » capote en toile, d’un pare-brise et de « vraies » gentes et pare-chocs en métal. Une feuille morte réduite en miette au sol.

 

Deux choses importantes sont actuellement en suspens. La plus simple, c’est l’ajout des guirlandes de fleurs sur le temple et la boutique. La plus délicate sera la prise de vue. A cette échelle, il va falloir maitriser chaque zone de pénombre tout en conservant la vigueur de certaines sources de lumière. Un violent éclairage au néon, qui proviendra de la boutique, sera l’éclairage principal.
Rendez-vous pour la suite.

Les songes de Descartes

Illustration pour la carte de vœux 2019 de la Librairie du Manoir de Pron.

Adrien Baillet, la Vie de M. Descartes, 1691 :
Les songes de Descartes

«Après s’être endormi, son imagination se sentit frappée de la représentation de quelques fantômes qui se présentèrent à lui, et qui l’épouvantèrent de telle sorte que, croyant marcher par les rues, il était obligé de se renverser sur le côté gauche pour pouvoir avancer au lieu où il voulait aller, parce qu’il sentait une grande faiblesse au côté droit dont il ne pouvait se soutenir. (suite…)

Carte de vœux 2019

Une cour d’immeuble un peu sombre et vieillotte, en haut de laquelle une montgolfière s’apprête à prendre le large.

La carte de vœux 2019 aura été l’occasion de ressortir bouts de ficelle, cartons et tube de colle. La démarche est similaire à celle de la maison du Petit Événement Bucolique, bien loin de l’hyper-réalisme bluffant de l’univers des modèles réduits.

Je réalise cette maquette par touches, par textures, par couleurs. Je récupère n’importe quoi au fond de ma corbeille à papier, dans les tiroirs de la cuisine ou dans la boite à outils, je découpe et m’amuse.

Il s’agit de ne tromper personne : travailler les détails est un plaisir enfantin (régressif?) mais je ne cherche pas à copier le monde de manière obsessionnelle. Il suffit que « ça marche », c’est la seule limite que je m’impose.

Depuis toujours, l’essentiel est de raconter des bribes d’histoires en laissant à chacun assez de place pour qu’il s’y trouve bien.

La structure de la maquette est en carton plume et mesure 50cm de haut.

Les enduits sont … de l’enduit, mais également du papier de verre pour le crépi, une boite à œufs pour les briques, et quelques rectangles de carton pour les pierres.
Progressivement, après le gros œuvre, les corniches et les huisseries, viennent les premiers détails.
Le pavage de la cour est en pâte à modeler, les gouttières en paille à cocktail, les garde-fous en bambou, les intérieurs des appartements et les stores en papier.

 


Papier et fil de fer.

 

La zone inférieure de l’image doit être froide, en contraste avec le ballon. Le même bleu acier est décliné en teintes différentes sur les portes, le pavage, les objets…

Une fois la cour terminée (avec ses éclairages, l’escalier du fond dans la pénombre, etc.), la montgolfière donne du fil à retordre. Dans un premier temps, je développe le plus possible tout ce qui est réalisable « en vrai » : la nacelle, dans l’air, dissimule la tige de bois qui la tient en place, légèrement inclinée ; les fils rouges sont tendus au plus près de leur position finale, ainsi que la ficelle blanche qui retient la nacelle à l’anneau de l’atelier.

Quant au ballon lui-même, il y a eu plusieurs essais avec de la mousse thermoformable, avec un œuf en polystyrène… Les formes étaient plus ou moins satisfaisantes. En revanche, ce ballon restait désespérément opaque. Pour obtenir les lumières souhaitées et l’impression de légèreté tout en conservant l’aspect massif, l’utilisation d’un ballon de baudruche s’est révélé nécessaire.
Choix est fait d’utiliser un ballon doré, dont la couleur chaude est plus flamboyante qu’un ballon orange, trop mat. Une fois gonflé, il est ficelé de manière à créer une sorte de potiron un peu tordu. Je le prends en photo sous toutes les coutures; le montage du volume final de cette série d’images se fera en numérique.

La prise de vue de l’ensemble est réalisée avec un ballon simple afin d’obtenir les premiers reflets sur les façades. Intégration du ballon définitif et correction générale des couleurs sur Photoshop.

Le format de la carte est 31,5 × 11,5cm.

Enfin, si cette image vous donne l’envie de prendre la poudre d’escampette ou un peu de hauteur, alors que cette montgolfière vous transmette tous mes vœux pour la nouvelle année.

 

Noël en peinture.

Puisque les pinceaux n’étaient toujours pas rangés…

La première toile s’inspire des pots d’apothicaires que l’on connaît. Un pot de guimauve (« Althaeae ») inspiré de la faïence néerlandaise.
La seconde est un recadrage – et une très libre interprétation- d’une peinture du peintre hollandais Johannes Albert Neuhuys (1844-1914).

Deux petits formats glissés au pied du sapin.


Pot d’apothicaire – Acrylique sur toile, 24 × 19cm


La couture – Acrylique sur toile, 20 ×20 cm.
D’après Printemps de Johannes Albert Neuhuys (fin XIXe)

Honoré !

J’ai débuté il y a quelques jours jours une peinture à l’huile inspirée d’une œuvre de Daumier, «L’amateur d’estampe» (41×33,5cm, vers 1860 – Petit Palais).

J’avais sous la main une planche d’un format plus réduit (33×24cm), même pas homothétique, quelques tubes et un peu de temps libre.

Le clair-obscur et la structure très graphique permettent d’obtenir un résultat efficace assez rapidement. En revanche, conserver l’énergie et la puissance des coups de brosse, c’est une autre histoire. Le grain de la toile originale disparu, je n’obtiens pas la texture, et je m’y attendais. Encore un peu de travail afin de trouver une équivalence.

Il fait beau, la fenêtre est ouverte et l’huile demeure un plaisir sans comparaison possible avec d’autres techniques de peinture.

La question est réglée en moins de deux heures.


Aujourd’hui, une dernière heure de travail.
Coups de brosse, zones floues (le bras droit, le bord de la table, etc.), reprises de couleurs un peu partout… et voici un amateur d’estampes qui ne tromperait personne.

Quand cette huile sera définitivement sèche (comptons quelques mois), peut-être aura-t-elle le droit à une couche de vernis à patiner, histoire de calmer les blancs et d’unifier l’ensemble.

L’automobile (dans le rétro)

De 2014 à 2016, Phil@poste a émis trois blocs de six timbres : Les années 50, 60 et 70. Chaque décennie condensées en six visuels thématiques pour six timbres.
Ici, les trois timbres à l’intitulé similaire « L’automobile ».

Pour les trois époques, j’avais opté pour trois traitements différents.
Ligne claire, cinéma français ou société de consommation, chacun évoque une ambiance différente et autant d’histoires possibles.

Mais où est passée…?

« Sept ans déjà. Voilà sept ans bien sonnés, la détresse d’une femme de chambre d’origine guinéenne, qui accuse alors le directeur général du Fonds monétaire international (FMI) de l’avoir agressée sexuellement au 28e étage d’un palace new-yorkais, a sidéré la planète, grisé les gazettes, saturé les écrans et les réseaux sociaux, enivré les complotistes de tout poil. »
Mais où est passée Nafissatou Diallo?, Vincent Hugeux (L’Express, 10 octobre 2018)
Illustrations Stéphane Humbert-Basset