Défense de monter sur les bouées

(No climbing on buoys)

Freddie Mercury, Gin Wingmore et Sandrine Kiberlain. Et puis Marianne Faithfull, Didier Flamand, Danielle Darieux, Colette Déréal, Hubert-Félix Thiéfaine, the Four Tops… et tous ceux qui ont « envie de chanter ».
Plus tendre mais tout aussi bricolé et amateur que les précédents mashup, voici « Défense de monter sur les bouées » (no climbing on buoys).

Petit Événement Bucolique 2019

Lors du dernier weekend de septembre, Rouen accueille des artistes, comédiens, marionnettistes, musiciens, etc. Chacun vient avec ses projets de création, ses spectacles inachevés ou son nouveau répertoire; le public est le bienvenu pour assister à ces expérimentations. Tout cela en plein air, sous les arbres…

Cette année, j’ai réalisé l’affiche (recto et verso différents) ainsi que les flyers, dont les visuels ne sont pas une réduction de l’affiche mais des déclinaisons du principe.

Affiches A2 recto-verso, affiches a3 recto seul, et flyers recto-verso.

Maintenant, vous n’avez plus qu’à réserver le dernier weekend de septembre, ils vous attendent.

Réalité virtuelle et psychanalyse

Samedi dernier, premier arrêt à la Galerie Cinéma . L’accueil est chaleureux, et la jeune femme nous entraine vers le tout nouveau « Studio VR »  pour nous présenter une série interactive de Eliza McNitt. Hormis l’œuvre elle-même, c’est aussi l’occasion d’expérimenter la réalité virtuelle pour ceux qui, comme moi, n’aurait pas encore osé l’aventure. Expérience concluante : c’est décidé, dès que j’ai un peu de temps, je vais m’organiser une séance Tilt Brush chez VirtualTime, histoire de me mesurer au XXIe siècle.

Seconde étape au Musée d’art et d’histoire du Judaïsme. L’idée était d’aller voir le Rothko prêté par le Centre Pompidou. A l’accueil, on m’indique qu’il est présenté dans le cadre de l’exposition sur Freud. Qu’à cela ne tienne! D’Yvette Guilbert à Duchamp, en passant par Courbet, Kokoschka et Antonin Artaud, c’est tout l’univers artistique, scientifique et intellectuel de l’époque de Freud qui était exposé… jusqu’au 10 février.

A proximité, un colossal Moïse de plâtre semble un peu… encombrant. Ce doit être ça, la réalité virtuelle en peinture: un Rothko sans titre ni manière, cependant capable de voler la vedette à Michel-Ange.

Last Saturday, first stop at the Galerie Cinéma. The lady leads us to the brand new « Studio VR » where an interactive series by Eliza McNitt in shown. Apart from the work itself, it is also an opportunity to experience virtual reality for those who, like me, would not yet have dared the adventure. Conclusive experience: I’m going to organize a Tilt Brush session!

Second stop at the Museum of Jewish Art and History. The idea was to go see the Rothko from the Centre Pompidou collections. This painting was presented as part of the Freud exhibition. Yvette Guilbert, Marcel Duchamp, Courbet, Kokoschka or Antonin Artaud, the entire artistic, scientific and intellectual universe of Freud’s time was on display… until February 10.

Nearby, a colossal plaster Moses seems a little… cumbersome. This must be virtual reality in painting: a Rothko without title or manner, yet capable of stealing the show from Michelangelo.

SPHERES
Jusqu’au 30 mars 2019
Galerie CINÉMA, 26 rue Saint-Claude, Paris IIIe.

SIGMUND FREUD
Musée d’art et d’histoire du Judaïsme, 71 rue du Temple, Paris IIIe.

Photo d’illustration : ROTHKO – Untitled (Black, Red over Black on Red) 1964
D’après la visite virtuelle – MahJ / immersion-3d.com [voir+]

Au soleil…

Du Bach sous le saule pleureur, de l’électronique juste à côté, des expos, des comédiens, … une foule de curieux, de promeneurs et d’amateurs s’est formée à Rouen les 28 et 29 septembre au « Petit Événement Bucolique ».

Comme promis, la maquette réalisée pour l’affiche a fait le voyage et a été exposée. Pour le public qui ne connaissait que l’affiche, les interprétations du visuel étaient diverses : était-ce une vraie maison, un montage fait à grand renfort de Photoshop, …? Rien de tout cela : ce n’était bien qu’un bête carton tenu à grand renfort d’adhésif, et des objets en papier, en fil de fer ou en pâte à modeler… Et même si les enfants étaient bon public, on ne comptait plus les adultes qui demeuraient un long moment à observer les détails et à se raconter des histoires.
J’avais fait un pari pour cette affiche : peu importait de savoir où j’allais exactement quand je réalisai cette maquette, l’essentiel était d’y prendre plaisir ; ce plaisir-là devait être communicatif. Ce fut le cas, et l’affiche a remporté un joli succès.

Rendez-vous l’année prochaine pour un « Petit Événement Bucolique » 2019 organisé par la compagnie NEZ A NEZ en liberté.

 

VŒUX !

© Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique

Tout commence le dimanche 19 mai 1968, à l’issue d’une réunion interministérielle. Une journaliste interroge Georges Pompidou sur le perron de l’Élysée:
«Monsieur le Premier ministre, le président de la République s’adressera-t-il aujourd’hui à la nation?
— Je ne pense pas, n’est-ce pas, mais si je puis vous résumer l’opinion du président de la République, c’est ‹la réforme oui, la chienlit non.›» [ina.fr]

La chienlit

La chienlit désignait autrefois les excès et la débauche d’un cortège de Carnaval et, d’une façon générale, une mascarade obscène. Dans l’atelier de sérigraphie de «l’Atelier populaire de l’ex-école des Beaux-arts», peu importe si l’emploi de ce mot est incertain (c’est au masculin que chienlit [+] aurait pu qualifier un personnage grotesque). Peu importe également que ce mot soit de De Gaulle ou de Pompidou, sa désuétude illustre parfaitement le fossé qui sépare le pouvoir de la jeunesse militante. L’interview retransmise à la radio va inspirer le jour même une des affiches les plus magistrales de l’époque.

Dans l’atelier, l’anonymat des auteurs est une règle fondamentale. Aucune création n’est signée: les projets sont épinglés sur une corde à linge, et même si l’on peut reconnaitre le style de certains artistes ou étudiants, le choix des affiches à reproduire respecte l’anonymat.

1 et 2: Discours du 4 octobre 1958 (ina.fr) / 3: L’Atelier populaire de l’ex-école des Beaux-Arts (© M. Riboud)

C’est lui !

La puissance de cette affiche ne tient pas seulement à la caricature que l’on reconnait aujourd’hui. Il fallait couper le personnage à la taille pour que ce geste historique en V (associé au mot Victoire et à la Résistance, au discours du 4 octobre 1958 [+] et à la Ve république) ne soit soudainement réduit qu’aux bras raides d’un Guignol de jardin public.
À l’instar de beaucoup de créations de l’atelier [+], la violence des discours politiques se teinte d’une verve propre aux Beaux-arts.«C’est lui!» est d’abord une réponse spontanée et truculente à une insulte vieille France. Toi-même!… A des années lumière du tract militant traditionnel, c’est presque un mot d’enfant adressé à un homme de 78 ans. D’autre part, composé d’un unique aplat en sérigraphie, le visuel supportera tous les défauts d’impression, les changements de couleur ou de papier sans en souffrir. Cette œuvre, toujours aussi irrespectueuse et drôle, rivalise sans conteste avec les grands affichistes du XXe siècle [+].

Bonne année !

Tout en lui rendant hommage par un détournement de saison, mes vœux professionnels saluent la simplicité (apparente), l’humour et la force graphique de cette affiche qui, cinquante ans plus tard, sont intactes.

Enfin, puisque moi aussi je suis né en 1968, permettez-moi de souhaiter à chacun de vous toute la créativité, la fougue et la spontanéité essentielles à cette nouvelle année.

Merci à Jean Hil [+], l’auteur de l’affiche originale, de m’en avoir gentiment autorisé le détournement.


On Sunday 19 May 1968, after an inter-ministerial meeting, a journalist asked Georges Pompidou:
« Mr. Prime Minister, will the President of the Republic address the nation today?
— I don’t think so, actually, but if I may sum up the opinion of the President of the Republic : ‘reform yes, messiness no’. » (« La réforme oui, la chienlit non ») [ina.fr]
La chienlit…
In french, the word chienlit is very outdated. It once referred to the excesses and debauchery of a Carnival procession and, broadly speaking, to an obscene masquerade. In the « Atelier populaire de l’ex-école des Beaux-arts », it perfectly pointed out the huge gap between the government and the militant youth. No matter who said it (De Gaulle or Pompidou), this word inspired one of the most masterful 1968 french posters.
…C’est lui !
Of course we still easily recognize the caricature. But the strengh of this poster mainly lies in the choice to sever the character. Without legs, what’s  left of the historical sign in V (related to the word Victory, to Resistance, the speech of October 1958 [+] and the Fifth Republic) ? Nothing but the rigid arms of a puppet. The spirit of the École des Beaux-Arts defuse the violence of political discourse [+]. « It’s him! » is first and foremost a spontaneous and childish response to a 78-year-old man. This is a far cry from the traditional activist leaflet. Furthermore, the visual is strong enough to withstand all printing defects, color variations and papers changes.
Happy New Year!
While paying homage to this poster, my professional greetings salute its (apparent) simplicity, its humor and graphic strength. Fifty years later, this work rivals the great poster artists of the 20th century [+].

Finally, since I too was born in 1968, I wish you creativity, enthusiasm and spontaneity for 2018.

Thanks to Jean Hil [+], the author of the original poster, for kindly authorizing me to hijack it !

A pas de Louvre

15 août 2017

Hier, lundi 14 août, petite virée au Louvre, direction les salles de peinture française. La démesure du musée impose de faire un choix, car après Le faux-pas de Watteau ou La brioche de Chardin, les plus « petits maîtres » bénéficient moins de notre attention. Cependant, Louis-Léopold, Nicolas-André et Georges-Paul méritent bien que l’on ralentissent le pas, et pas seulement à cause de leurs prénoms.

Louis-Léopold Boilly est l’auteur d’une série de petits tableaux comme l’adorable portrait de Gabrielle Arnault enfant (qui donnerait envie de l’embrasser sur les deux joues), ou, juste à côté, de ces charmants « Amateurs d’estampes », étude pour Le Public au Salon du Louvre regardant le tableau du Sacre.

Louis-Léopold Boilly « Les amateurs d’estampes ». Vers 1810, huile sur toile. 32,5×24,5cm. Photo SHB.

Ailleurs, accroché suffisamment haut pour que l’on n’y prête pas trop attention, l’inénarrable « Lion de Florence » de Nicolas-André Monsiau. Un fait divers inspira l’artiste: un lion échappé dans les rues de Florence relâcha un enfant sans le blesser… L’intérêt du sujet laisse dubitatif et le format de la toile est absurde (presque deux mètres de haut). Ce « Lion » fut exposé en 1801 sous le formidable titre de « Trait sublime de la maternité du siècle dernier, arrivé à Florence ».

Nicolas-André Monsiau « Le lion de Florence ». 1801, 163×194 cm, huile sur toile. Photo SHB.

Pour finir, une toile inattendue au Louvre (puisqu’elle date de 1947) dont la facture illustrative n’est pas sans évoquer le cinéma ou la bande dessinée. Le père de Georges-Paul Leroux était éditeur d’estampe, et son frère, Auguste, était peintre et illustrateur. « Dans la Grande Galerie » possède un charme tout particulier, a des années lumières de ce que l’on voit habituellement au Louvre.

Georges-Paul Leroux « Dans la Grande Galerie » – 1947, huile sur toile. 89x151cm. Photo SHB.